À propos du guide
Cette ressource propose des pratiques concrètes et faciles à mettre en œuvre par le personnel de tous les niveaux des services municipaux de loisirs, afin de garantir l’inclusion des personnes handicapées dans les programmes et activités offerts.
Clientèle visée
Ce guide s’adresse aux directeur·rice·s des services de loisirs, aux responsables de programmes, aux coordonnateur·rice·s ainsi qu’aux gestionnaires municipaux. Il est également destiné aux personnes handicapées, aux personnes qui animent les programmes, aux membres des conseils municipaux, aux proches aidant·e·s, aux familles, aux ami·e·s et aux groupes communautaires. Il peut les soutenir dans leurs propres initiatives et les appuyer dans leurs démarches auprès des instances municipales.
Contexte et enjeux
La réalité des personnes handicapées au Canada
Le nombre de personnes handicapées au Canada est en croissance. On estime qu’environ 850 000 enfants au pays vivent avec une limitation (Policy Options, 2023). Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2022, 27 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus — soit environ huit millions de personnes — ont au moins une limitation qui affecte leur quotidien (Statistique Canada, 2023). De plus, chez les personnes âgées de 65 ans et plus, 42 % présentent quatre limitations ou plus, les plus courantes étant liées à la douleur (68 %), à la mobilité (63 %) et à la flexibilité (59 %) (Statistique Canada, 2024).
Les obstacles à la participation
Les personnes handicapées ont souvent moins d’occasions de profiter d’activités sportives ou récréatives. Cela s’explique par divers obstacles — physiques, sociaux ou émotionnels — qui entravent leur participation (Martin Ginis et al., 2021 ; Xu et al., 2020 ; Arbour-Nicitopoulos et al., 2021). Ces barrières peuvent nuire à leur sentiment d’appartenance à la communauté. Parfois, elles sont exclues des programmes réguliers et doivent se tourner vers des installations ou des services distincts (Dattilo et al., 2019 ; Mobily & Johnson, 2021).
Un sondage mené par Engage Nova Scotia en 2019 a révélé que les personnes handicapées sont beaucoup moins susceptibles de faire de l’exercice régulièrement ou d’utiliser les infrastructures communautaires, comme les centres de loisirs et les parcs. Elles rencontrent aussi plus de difficultés pour s’y rendre et mentionnent souvent que le coût des programmes constitue un frein à leur participation.
Un appel au changement
Les personnes handicapées souhaitent participer à des activités récréatives avec leurs proches, dans des lieux accessibles près de chez elles. Les chercheurs s’entendent pour dire qu’il est essentiel de rendre les environnements récréatifs plus inclusifs. Cela signifie de créer des espaces où toutes et tous peuvent participer ensemble, peu importe leurs capacités (Strumbo et al., 2011 ; Gallant et al., 2019).
Les plans d’action nationaux soulignent également l’importance d’un changement. Par exemple, l’Agence de la santé publique du Canada propose le plan d’action « Soyons actifs » qui vise à augmenter le niveau d’activité physique et à réduire la sédentarité. Ce plan d’action encourage les collectivités à collaborer avec les personnes qui rencontrent des obstacles — qu’ils soient physiques, liés à la santé mentale ou autres — afin de favoriser l’activité pour toutes et tous. Par ailleurs, le Cadre pour les loisirs au Canada (Association canadienne des parcs et loisirs / Conseil interprovincial du sport et des loisirs, 2015) propose des pistes pour rendre les loisirs plus accessibles aux personnes confrontées à des obstacles. Il souligne l’importance d’offrir à toutes et tous, sans égard à leurs limitations, la possibilité de participer aux activités récréatives.
Le rôle des municipalités
Ce guide présente la première série de pratiques prometteuses et exemplaires en matière d’inclusion des personnes handicapées depuis la publication, en 1991, des Lignes directrices pour les administrations municipales de l’Association canadienne des parcs et loisirs, élaborées avec l’appui de la Dre Renée Lyons (publication aujourd’hui épuisée).
Partout au Canada, de nombreuses municipalités cherchent à offrir des activités de loisir accessibles à l’ensemble de la population, y compris aux personnes handicapées. Cela passe notamment par l’application des principes de conception universelle pour aménager des espaces extérieurs inclusifs et par la formation du personnel à l’inclusion. En proposant des activités encadrées et libres, les municipalités favorisent le sentiment d’appartenance, le plaisir, la liberté de choix et l’autonomie des citoyennes et citoyens, ce qui contribue à améliorer la qualité de vie de toutes et tous (Dattilo et al., 2019 ; Mobily & Johnson, 2021).
Les administrations municipales peuvent contribuer de façon importante dans divers domaines pour bâtir des collectivités dynamiques et accessibles. Elles offrent des services, soutiennent des initiatives locales, concluent des ententes de partenariat, embauchent et accompagnent du personnel diversifié, facilitent la participation de tou·te·s, et mobilisent les acteurs communautaires autour de projets d’inclusion. En raison de leur proximité avec la population, elles sont bien placées pour sensibiliser aux enjeux sociaux importants au sein de leurs communautés (Torjman & Leviten-Reid, 2003).
Les municipalités doivent également intégrer l’accessibilité universelle dans la planification de nouveaux bâtiments, la réfection des parcs et des sentiers, l’aménagement du territoire ainsi que la conception de leurs programmes et services (Ministère de la Justice, 2018 ; Kovac, 2019).
Alors que de plus en plus de municipalités canadiennes s’engagent sur cette voie, ce guide propose des pistes concrètes et utiles. Ces recommandations permettent de gagner en efficacité et d’améliorer la qualité des activités de loisir pour toutes et tous.
Méthodologie
Le développement de ce guide s’est appuyé sur plusieurs étapes que nous présentons ci-dessous.
Comité aviseur
En 2024, un comité aviseur a été mis sur pied. Ce groupe réunissait des représentants communautaires, des membres du personnel municipal, des chercheurs et des personnes handicapées. Une première rencontre en ligne a eu lieu le 7 mars 2024 pour discuter du projet et des objectifs du guide. Le groupe s’est ensuite réuni à Ottawa, les 24 et 25 septembre 2024, afin d’examiner les données recueillies et la première version du guide. Entre ces rencontres, plusieurs consultations ont été menées pour solliciter des points de vue et des commentaires sur les objectifs, les données et les contenus du guide.
Nous remercions chaleureusement les membres du comité pour le temps, les connaissances et l’engagement qu’iels ont consacrés à ce projet.
Liste des membres du comité aviseur | |
Nom | Titre |
Alicia Souveny | Personne handicapée et physiothérapeute |
Alynn Skalicky | Spécialiste municipale et professionnelle certifiée en loisirs thérapeutiques (CTRS), Saskatchewan |
Dave Sora | Co-fondateur, Center for Accessible Sport and Play |
Emily George | Directrice générale, Recreation Manitoba |
Heather Craig | Agente de liaison communautaire, Ville d’Edmonton |
Janet Lawson | Professeure adjointe, Faculté de kinésiologie et de gestion des loisirs, Université du Manitoba |
Jason King | Analyste principal des politiques, Agence de la santé publique du Canada |
Keiko Shikako | Professeure agrégée, Université McGill |
Kerri Jack | Coordonnatrice à l’inclusion et à l’accessibilité, Recreation Nova Scotia |
Laurie Muise | Responsable des loisirs, Ville d’Oromocto, Nouveau-Brunswick |
Lindsay Johnston | Directrice des loisirs, Village de Teslin, Yukon |
Meredith Wing | Étudiante aux cycles supérieurs, Université Queen’s |
Moni Lowe | Directrice générale, Recreation Opportunities for Children (ROC) Eastman, Manitoba |
Mubina Jaffer | Gestionnaire, Formation et éducation, Abilities Centre, Whitby |
Rebecca Thandi | Experte en loisirs municipaux, Colombie-Britannique |
Sarah Ane | Directrice des politiques et des partenariats, Parks and Recreation Ontario |
Shelley Hassard | Experte municipale, Yukon |
Tracy Stevenson | Experte en loisirs municipaux, Île-du-Prince-Édouard |
Trisha Rose | Consultante en accessibilité et inclusion, Ville de St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador |
Groupes de discussion et revues rapides de littérature
En 2024, trois groupes de discussion ont été organisés pour mieux comprendre l’accessibilité des activités récréatives pour les personnes handicapées au Canada. Vingt personnes y ont participé, dont cinq personnes handicapées, cinq proches aidants et dix membres du personnel de services municipaux de loisirs. Ces participants provenaient de 18 municipalités réparties dans cinq provinces : l’Ontario, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve et l’Alberta. L’objectif était de mieux comprendre l’accès actuel aux activités récréatives pour les personnes handicapées
Trois grands thèmes ont émergé de ces discussions:
- Obstacles bureaucratiques et résistance au changement
- Actions de revendication et solutions personnelles
- Amélioration du soutien municipal
En complément des groupes de discussion, trois revues rapides de littérature ont été réalisées. (Une revue rapide de littérature est une méthode qui permet de rassembler et de synthétiser rapidement les connaissances existantes, à partir de bases de données universitaires et de recherches en ligne.) Ces revues ont porté sur trois domaines clés :
- Création d’une culture de travail inclusive
- Développement de programmes inclusifs
- Amélioration de l’accessibilité des bâtiments et des espaces extérieurs
Pour la culture de travail et de gestion, plus de 90 pratiques ont été recensées et regroupées dans quatre catégories :
- Mesures d’adaptation
- Documentation organisationnelle
- Pratiques inclusives en gestion des ressources humaines
- Dynamiques interpersonnelles en milieu de travail
Pour la programmation inclusive, la revue a recensé plus de 90 pratiques, réparties dans les quatre catégories suivantes :
- Évaluation et développement des capacités
- Participation des personnes et groupes concernés par le développement des programmes
- Diversité de la programmation et organisation
- Mise en œuvre des programmes
Enfin, pour améliorer l’accessibilité de l’environnement bâti, plus de 60 pratiques ont été recensées, regroupées en trois catégories :
- Création d’un élan collectif
- Évaluation des conditions actuelles
- Mise en œuvre des recommandations issues des audits
Après avoir rassemblé les données issues des groupes de discussion et des revues rapides de littérature, les chercheurs ont rédigé une première version du guide, élaborée à partir des résultats obtenus. Cette ébauche a été révisée par le comité de pilotage, qui a contribué à l’ajuster par ses recommandations. Le projet a ensuite été partagé avec des responsables municipaux partout au Canada, afin de recueillir leur point de vue par le biais d’un sondage. Les commentaires reçus ont permis d’ajuster le guide.
Comment utiliser ce guide
Ce guide peut être utilisé de plusieurs façons :
Lien avec les lois sur l’accessibilité
Six provinces ainsi que le gouvernement fédéral ont adopté — ou sont en voie d’adopter — des lois visant à rendre les lieux accessibles aux personnes handicapées. Ces provinces comprennent la Colombie-Britannique, le Manitoba, Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et la Saskatchewan. Ces lois exigent que les gouvernements locaux élaborent des plans pour garantir l’accessibilité de tous leurs services et espaces.
Ces provinces disposent également d’équipes dédiées (directions de l’accessibilité) chargées de veiller à l’application de ces plans. Les personnes handicapées y jouent un rôle essentiel. Ce guide peut aider les gouvernements locaux à répondre aux exigences minimales prévues par la législation provinciale — ou à aller au-delà. Les responsables municipaux devraient communiquer avec l’équipe provinciale d’accessibilité pour en savoir plus sur les lois et normes en vigueur dans leur région.